Intervention de la Secrétaire Générale #cfdtaf au dernier CCE : Béatrice LESTIC

 

14 octobre 2016

Bonjour, Monsieur le Président.

Je crains de répéter en partie ce que j’ai dit le 1er septembre.
Vous avez dressé le tableau de ce que vous avez pu observer dans cette entreprise, qui est une belle entreprise, avec des gens singulièrement attachés à cette entreprise, plus que ce que l’on peut voir dans d’autres grands groupes.
Nous avons une demande au niveau de la CFDT : il faut que nous parvenions collectivement à prendre des décisions.
Cela fait deux ans que nous tournons en rond et il serait temps, aujourd’hui, que nous arrivions, collectivement – nous nous mettons dedans –, à prendre des décisions.
Nous n’allons pas repartir sur un tour complet ; nous en avons déjà fait un en 2014-2015, puis en 2015-2016, et il serait souhaitable de ne pas refaire un tour complet sans prendre de décision en 2016-2017.

Les salariés sont découragés pour une bonne partie d’entre eux, parce qu’il y a cette inertie et que nous n’arrivons pas, collectivement, à trouver le chemin pour avancer.

Je suis assez d’accord avec les propos du Secrétaire général du CCE : le droit d’alerte était un point de départ ; c’est un bon point de départ pour discuter avec les élus et les organisations syndicales.

Nous connaissons les sujets, ils ne sont pas faciles : le low cost long-courrier, le court & moyen-courrier, Transavia, HOP! Air France, la transformation numérique, qui impactera nos métiers et nos organisations de travail. Sur le low cost long-courrier, si l’on pouvait éviter de faire la même erreur qu’il y a 10 ans en regardant cela avec dédain, ce serait une bonne chose ; il faudrait regarder ce sujet avec un peu de lucidité. Nous ne serons sans doute pas d’accord, mais mettons au moins les choses sur la table. Par ailleurs, il faudrait nous éclairer rapidement sur les stratégies conduites chez HOP!, parce que cela n’a plus aucun sens. Ce sont, pour nous, les enjeux principaux, incontournables, sur lesquels il faut que nous parvenions à discuter, à avancer et à élaborer des scenarii ; nous verrons sur quels scenarii nous arrivons à nous mettre au minimum d’accord.
Vous avez lancé les auditions par le cabinet BCG et par Jean-Paul BAILLY. La CFDT y est favorable, mais il faut que ce soit un peu engageant.
La CFDT a l’impression de répéter toujours les mêmes choses. On ne peut pas continuer à dire des choses en CVS, puis en Comité d’analyse stratégique, puis en CCE, puis à OMNES, puis au cabinet BCG, puis à Jean-Paul BAILLY… Il faut que ce soit engageant.

Je respecterai sans doute la synthèse Jean-Paul BAILLY, mais elle ne m’engage en rien si c’est la synthèse de Jean-Paul BAILLY, il faut que cette synthèse soit collective.
Nous sommes prêts à cela. Je répète que nous ne serons pas d’accord sur tout, nous ne serons sûrement même pas d’accord ici entre nous, mais que nous ayons au moins la possibilité de mettre les choses sur la table.
Vous avez dit que « Trust Together » ne remplaçait pas les plans précédents. J’ai une interrogation sur le déroulement du process aujourd’hui, car j’avais cru comprendre que tous les salariés du groupe seraient questionnés. Or, à ma connaissance, les filiales n’ont pas reçu de questionnaire et les gens de KLM non plus, puisque Pieter ELBERS s’est opposé à ce que les salariés de KLM soient questionnés.
La relation entre Air France et KLM devient un sujet absolument majeur, et nous ne pourrons pas faire l’économie de le traiter.
Il faudra se poser la question de la gouvernance. Comment est-il possible, aujourd’hui, que le Président du Groupe annonce qu’il interrogera tous les salariés et que le Président d’une Compagnie refuse ? Si chacun fait ce qu’il veut, allons-y gaiement !
Je disais tout à l’heure que depuis deux ans, nous n’avions pas avancé ; sur Air France-KLM, non seulement nous n’avons pas avancé, mais nous avons reculé sur la manière dont les deux Compagnies fonctionnent ensemble. Cela devient de plus en plus difficile dans les équipes Joint. Nous avons un vrai travail à faire sur cette question.

Vous dites que « Trust Together » ne remplace pas les plans précédents, mais la CFDT considère à ce stade que le plan Perform a largement « pris l’eau », si je peux me permettre l’expression, et que rien n’indique que nous saurons aller au bout de ce plan Perform.
Or, si nous n’allons pas au bout du plan Perform sur X catégories de salariés, nous n’irons au bout de ce plan nulle part. Il n’y a aucune raison de continuer à appliquer bêtement un plan Perform sur les personnels au sol s’il n’est plus d’actualité ailleurs.
Certaines choses sont lancées, nous n’y revenons pas, notamment le PDV, et il est évident que nous n’arrêterons pas le PDV, mais nous pensons qu’il faut reprendre la copie Perform.
Certaines choses restent sans doute d’actualité, comme la recherche de compétitivité – la compétitivité n’est pas un « gros mot » pour la CFDT –,  mais, visiblement, sur la manière dont ce plan a été amené, il faut reprendre les fondamentaux et redéfinir un peu les choses.
Nous l’avons dit le 1er septembre, certes, l’économie de l’entreprise est un sujet important, mais on ne motive pas les salariés avec un résultat d’exploitation positif. Même si le résultat d’exploitation positif est important, cela ne suffit pas.
C’est plus facile à dire qu’à faire, mais la question est de tracer, de donner une vision. Vous avez parlé de tracer une trajectoire, c’est très bien, mais il faut donner du sens.
Or, donner du sens, c’est aussi parler du travail que font les salariés quotidiennement, ce n’est pas seulement leur parler des économies à faire. D’ailleurs, il faut éviter de leur parler tous les matins des économies à faire. Il faut leur parler de leur métier et travailler sur la performance opérationnelle, sur l’efficacité, sur les conditions de travail, sur le service aux clients ; cela peut aussi faire de l’efficacité économique, mais cela redonne du sens au travail que les gens font tous les jours.
Dernier point, vous avez dit le 1er septembre que vous aviez demandé d’objectiver la question des taxes et redevances qui pesaient sur le Groupe Air France-KLM, et singulièrement sur la Compagnie Air France. L’avez-vous objectivée ? Ce serait sans doute un bon sujet à traiter dans cette instance, un bon sujet de travail pour cette session : objectiver le différentiel de compétitivité lié au poids des taxes et redevances et les gains possibles si nous avions un alignement sur ce qui se pratique pour les autres compagnies majors européennes.