Fin février, Air France faisait une nouvelle fois la une de la presse internationale. La CFDT Groupe Air France souhaite revenir sur cet énième épisode de la gouvernance du Groupe Air France KLM.
Depuis la nomination de Ben Smith à la tête du Groupe Air France KLM, la « guerre froide entre Air France et KLM » s’est transformée petit à petit en « guerre de tranchées ». Celle-ci a atteint son paroxysme avec les bruits de fin d’année sur le non-renouvellement du mandat de Peter Elbers comme Directeur Général de KLM. Pourtant, début 2019, un compromis semblait être trouvé : Ben Smith obtenait une place au Comité de Surveillance de KLM (ce qui avait toujours été refusé à ses prédécesseurs) en contrepartie, Peter Elbers devenait Directeur Général Adjoint d’AFKL comme notre DG, Anne Rigail.
Mais, coup de théâtre, en grand secret, l’Etat néerlandais rentre à hauteur de 14 % dans le capital d’AFKL se mettant ainsi au même niveau que l’Etat français. Officiellement, cette prise de participation est justifiée par l’Etat néerlandais afin de se prémunir de toutes opérations futures sur le devenir de leur compagnie nationale et des conséquences sur le développement de l’aéroport de Schiphol.
Beaucoup d’analystes extérieurs se réjouissaient déjà de la nomination, en la personne de Ben Smith, d’un professionnel du transport aérien à la tête du Groupe Air France KLM. « Coup de Trafalgar », les états français et néerlandais, après quelques passes d’armes médiatiques, font savoir par la voix de leur ministre de l’économie et des finances respectif leur décision de confier à un groupe de travail le soin de conduire les travaux et de faire du Groupe Air France KLM le premier Groupe mondial de transport aérien ! Ce groupe de travail sera présidé par le Directeur Général de l’Agence des participations de l’Etat français M. VIAL et son homologue néerlandais. Comme le disait Clémenceau : « quand on veut enterrer un problème, on crée une commission ». La CFDT Groupe Air France restera vigilante quant à la réelle vocation de ce groupe de travail. A ce stade, nous sommes circonspects car après les rapports Abraham et Le Roux dont les Assises se devaient d’étudier les préconisations, la création d’un énième groupe de travail inquiète plus qu’elle ne rassure les salariés d’Air France. Que se passerait-il en cas de désaccord profond sur la révision de la gouvernance et les orientations stratégiques à moyen et long terme à l’issue de ses travaux en juin prochain ? KLM pourrait-elle être tentée de sortir du Groupe voire de l’Alliance Skyteam ? Ce serait un scénario catastrophe pour toutes les composantes du Groupe qui compte près de 90 000 salariés à travers le monde. Certains observateurs avancent même l’hypothèse d’un rapprochement KLM Delta !
La décision de lancer ce groupe de travail de la part de deux actionnaires pose aussi la question du pouvoir du Conseil d’Administration et de la feuille de route donnée par le Groupe au DG exécutif. Même si les communiqués de presse rappellent la confiance renouvelée par cette instance à Ben Smith, de quels pouvoirs va-t-il disposer pendant ces 3 mois pour mettre en oeuvre son plan stratégique qui tarde à nous être présenté ?
Cet énième épisode tente à démontrer que nous ne sommes toujours pas sortis de la crise de gouvernance que nous avions annoncée avant la consultation d’avril 2018. La CFDT Groupe Air France agira pour que les salariés du Groupe Air France ne soient pas la variable d’ajustement et qu’une issue favorable et équilibrée soit trouvée pour l’ensemble des composantes du Groupe sans casse sociale.
Les acteurs du secteur ont placé leurs espérances dans les travaux des assises du transport aérien, assises qui aujourd’hui semblent en phase out.