le 06/01/2017 à 10H58
C’est avec une grande émotion et une immense peine que nous rendons hommage à François Chérèque.

A votre présence nombreuse aujourd’hui se mêlent les innombrables témoignages venus de tous les horizons, de toute la France y compris d’Outre mer, d’Europe et de tous les continents. 

Son départ trop tôt, trop injuste, nous rend tous infiniment tristes. François avait encore tant à dire, à nous dire, tant à faire et à vivre.

Jusqu’au bout, sa passion de la vie l’a porté, son combat contre la maladie il l’a mené avec ténacité comme tous ses combats.

Toutes celles et tous ceux qui ont croisé son chemin, agi à ses côtés, éprouvé la force de ses convictions, partagé ses engagements, savent qu’ils perdent un ami cher, un type bien, un grand bonhomme.

La justice sociale a été le fil rouge de sa vie d’homme et de militant. Sa lutte indéfectible contre les inégalités, sous toutes leurs formes, n’a cessé d’animer l’impressionnante détermination qu’il mettait dans ses combats, qu’ils soient syndicaux ou associatifs au service des salariés, des jeunes, des pauvres, avec toujours l’intérêt général en ligne de mire.

Pour François Chérèque, réformer ne consistait pas à s’adapter à l’injustice du monde, mais à se donner les moyens de la faire reculer.

– Syndicaliste combatif dès son entrée dans le travail comme éducateur spécialisé auprès d’enfants autistes, il fut un promoteur décisif du renouveau du syndicalisme  tant dans ses responsabilités à l’UD des Alpes de Hautes Provence qu’à la tête de la fédération de la Santé.

– Visionnaire exigeant, François Chérèque, secrétaire général de la CFDT durant dix années, a été l’artisan acharné d’un syndicalisme utile aux salariés, utile à la société, un syndicalisme résolument ancré dans le réel, ouvert aux autres, et proche des salariés.

– Réformiste impatient, il a imprimé sa vision d’un syndicalisme moderne capable de porter une analyse sans tabou sur la réalité, capable de propositions audacieuses pour préparer l’avenir et s’engager pour les faire vivre, un syndicalisme capable aussi de s’interroger sur lui-même avec lucidité et courage.

– Démocrate résolument optimiste, François s’est battu pour que les salariés aient voix au chapitre, pour qu’ils puissent participer aux choix qui les concernent. Il portait l’ambition fondatrice de la CFDT, celle d’un projet syndical au service de l’émancipation individuelle et collective, porteur d’une société plus juste et plus solidaire.

– Fin stratège et redoutable négociateur, il détestait la tactique et les postures. Il aimait la confrontation des idées dans le respect et la loyauté et avec une absolue intégrité. Les désaccords pouvaient être forts mais ne conduisaient jamais à la rupture. C’est par la voie du dialogue social, un dialogue franc et constructif qu’il allait chercher et parfois arracher les résultats et les avancées pour les salariés.

– Homme libre et déterminé, François a enraciné l’autonomie de la CFDT, une autonomie douloureusement acquise et farouchement défendue quels qu’aient été les sujets et quels qu’aient été ses interlocuteurs du moment.

Ses combats pour les valeurs de justice, d’égalité et de solidarité, il les a menés dans l’exigence de la vérité, avec énergie et courage sans jamais reculer, sans jamais faiblir, sans jamais renoncer. Avec un seul but : construire du progrès, du progrès pour tous.

Beaucoup se souviennent de l’épisode tumultueux des retraites de 2003. Depuis cette date, plus d’un million de travailleurs aux carrières longues ont pu bénéficier d’un départ à la retraite avant l’âge légal.  Une grande mesure de justice sociale qu’ils doivent à la ténacité et au courage de François Chérèque et de lui seul.

Pour lui l’adversité n’était pas un frein, elle était un moteur. « Le courage ça se prépare » aimait-il rappeler. Le sien venait de loin.

Il venait de la puissance de ses convictions et de sa profonde humanité.

– Une humanité forgée auprès des siens et dans son métier d’éducateur.

– Une humanité qu’il s’est attaché à faire vivre au quotidien auprès de ses proches, de ses amis, des militants, des adhérents et partout où l’ont mené ses pas.

– Une humanité qu’il a su mettre au cœur du plan de lutte contre la pauvreté et dans son action pour les jeunes à la présidence de l’Agence du Service civique.

Le deuxième ligne de rugby, dont la carrure forçait le respect était un homme sensible, éminemment chaleureux et simple, d’une grande pudeur et d’une belle humilité.

Sa famille, Marinette sa compagne, Mathieu et Benoît ses fils, Marine et Juste  leurs compagnes, Léna sa petite fille, Jacques et Elisabeth ses parents, Philippe, Marc, Pierre et Paul ses frères étaient pour lui un bien précieux qu’il protégeait farouchement de ses engagements passionnés. 

Attentif à tous, bienveillant pour chacun, François aimait profondément les gens.

Il aimait aller à la rencontre et à l’écoute des personnes. Une vraie et grande affection le liait aux militants de la CFDT.

Il nous a légué sa force et son courage, nous en sommes fiers.

Dans l’espoir inébranlable de changer les choses, de redonner forme à la société, il savait insuffler son imperturbable sens du collectif et son éthique de la responsabilité.

Puissent-ils être pour tous, un enseignement pour affronter les défis qui nous attendent.

Rêvons que cela irrigue notre démocratie si malmenée.  Ce serait le plus bel hommage rendu à l’homme remarquable qu’il fut tout au long de sa vie.

Décidément François, toi qui n’a jamais aimé les lundis matin et encore moins quand tes équipes préférées avaient perdu le match du week-end, ce premier lundi de l’année tu nous l’auras fait détesté.

François mon ami, je veux ici te dire mon immense gratitude.

Te dire merci au nom de tous les militants et de tous les adhérents de la CFDT et t’assurer enfin, que dans chacune de nos actions, tu seras dans nos cœurs et nos pensées.

Merci François.