Depuis 4 mois, les salariés et les clients d’Air France assistent médusés au mauvais et sinistre vaudeville qui se joue entre la Direction et l’Intersyndicale.

Récapitulons cette séquence :

  • 15 jours de grève pour un coût supérieur à 300M€, qui vont fortement dégrader les résultats d’Air France en 2018.
  • Une prime d’intéressement partie en fumée, pour tout ou partie, soit 1200€ au minimum que ne percevront pas les salariés d’Air France en 2019.
  • Plusieurs tentatives de négociations salariales, toutes jugées insuffisantes et rejetées par l’Intersyndicale.
  • Une consultation lancée unilatéralement et perdue par Jean-Marc Janaillac, témoignant d’une défiance profonde entre les salariés et la Direction, et qui a ouvert une crise majeure de gouvernance.
  • La nomination d’une présidente non exécutive, Anne-Marie Couderc, chargée de trouver un remplaçant à JM Janaillac.
  • De nouveaux échanges informels engagés par la Direction d’Air France afin de trouver un terrain d’entente avec l’Intersyndicale, sans succès.
  • Un conseil d’administration AF-KLM qui invalide les mesures salariales proposées par la Direction d’Air France, arguant du nouveau préavis de grève de 4 jours.
  • Une session de CCE présidée par Anne-Marie Couderc qui se solde par une communication de l’Entreprise totalement délirante.
  • L’annonce par l’Intersyndicale de la suspension de son énième préavis de grève, par sursaut de conscience ou faute de combattants.

La CFDT appelle au retour à la raison car pendant ce temps :

  • L’image de marque d’Air France se détériore et ses concurrents en profitent.
  • Le poids de KLM dans le groupe augmente tant et si bien que certains poussent la candidature de Peter Elbers pour en prendre la tête.
  • Le groupe Accor annonce son intention de racheter les parts détenues par l’Etat français, sans que celui-ci ne démente formellement.
  • Les consolidations des grands groupes du transport aérien continuent. En marge de ces consolidations, nos principaux concurrents se mettent en ordre de marche pour capter le segment du « Low Cost Long Courrier » avec de nouvelles offres (LEVEL, EUROWINGS, NORVEGIAN…).
  • La situation interne à Air France pèse négativement sur les « Assises du transport aérien ».

La CFDT ne partage pas cette conception des relations sociales. Outre ses conséquences désastreuses sur notre outil de travail commun, cette séquence n’a pour l’heure produit aucun bénéfice pour les salariés et au contraire se traduira à n’en pas douter par de nouveaux plans d’économie.

Les mesures annoncées lors du dernier CCE, mesures de bon sens que la CFDT réclame depuis des mois dans le cadre de la QVT, ne permettent pas néanmoins de répondre au malaise général. L’annonce que Franck Terner étudiera personnellement les projets nous conforte sur la perte de confiance du Top management envers le management de proximité. Les managers de proximité ne sont pas la cause des lourdeurs d’une entreprise qui a oublié de leur redonner de l’autonomie sur les prises de décisions liées aux améliorations des conditions de travail.

Toutes ces annonces ont été si maladroitement annoncées qu’elles font au contraire figure de provocation.

On savait la communication interne largement perfectible, cette fois elle s’est surpassée !

Quant aux membres du COMEX, ils semblent au mieux tétanisés au pire déconnectés des réalités du travail vécues par les salariés.

Air France et ses personnels méritent mieux que ce sinistre vaudeville !