Pour tenter de sortir du conflit, la Direction a fait une deuxième proposition de négociation.

Souvenons-nous, la première prenait au mot l’intersyndicale et proposait de « rattraper » les pertes de pouvoir d’achat, pour les salariés qui auraient vu leur salaire augmenter moins vite que l’inflation entre 2012 et 2017.
Cette première proposition a été rejetée par l’intersyndicale au motif, exact, que cela ne concernait qu’un petite minorité de salariés. On n’est pas à une incohérence près…

La CFDT était également très critique sur cette mesure (cf tract 06 18). Dont acte.

La Direction a donc fait une deuxième tentative la semaine dernière en proposant une négociation pluriannuelle, sans doute inspirée par l’accord Lufthansa, souvent cité en exemple par l’intersyndicale.

A l’issue de 3 jours de négociation, auxquels ont évidemment participé la CFDT, voici les termes de l’accord mis à signature.

 

Termes de l’accord mis à signature :

5,95 % AG répartis sur 3 ans, dont 1% est versé par anticipation au 1er avril 2018 :

  • 1 % versement anticipé au 1er avril 2018
  • 1,65 % aux 1er avril 2019, 2020, 2021, si le REX est supérieur à 200 M€, 1% s’il est inférieur.
  • Mesure « talon » :
    2019 / 20 / 21 : 40 €. Aucun salarié ne percevra moins de 40 € brut/mois
  • Augmentation du salaire minimum (23 300 € en 2018) de 200 €/an sur la période de l’accord ce qui le porte à 23 900 € en 2021.
  • Les AI du personnel au sol seront négociées à part, avec les seules OS sol, mais l’accord garantit qu’elles ne pourront être inférieures à 1,4 %/an.

Mesures complémentaires liées à la NAO 2018 :

  • Les 0,4 % prévus être versés en octobre 2018 sont ramenés au 1er avril 2018, soit 1 % lié à la NAO 2018 + 1 % anticipé lié à la NAO pluriannuelle
  • Mesure talon 2018 : 25 €. Aucun salarié ne percevra moins de 25€ brut/mois en 2018

L’accord pour être valide doit être majoritaire, c’est-à-dire être signé par des OS représentant ensemble plus de 50% des voix aux élections professionnelles.
Il faudra donc 4 signataires…

Commentaire CFDT

Deux NAO dans la même année, dont une pluriannuelle qui porte sur les trois prochaines années, voilà qui est inédit.

La Direction est dans son rôle de tenter une sortie de crise, même s’il aurait été préférable de se donner les moyens de ne pas y entrer.

La proposition mise sur la table, améliorée au fil de ces trois jours de négociations, n’est ni ridicule, ni insultante. Pour le personnel au sol c’est une enveloppe minimum globale de 3,05% par an (AG + AI).

Elle pourrait permettre à tous les acteurs de sortir de ce conflit destructeur, la tête haute, en prenant collectivement le risque de l’intelligence et de la responsabilité.

Maintenir la revendication de 6% d’AG en 2018, coûte que coûte, est au contraire le signe d’un aveuglement suicidaire, déconnecté des réalités économiques et concurrentielles et parfaitement démagogique.

A fin avril, si le conflit perdure, Air France aura perdu près de 300M€. S’il se poursuit au-delà d’avril, c’est tout le 1er semestre qui sera compromis, autant dire l’année.
Déjà, les engagements pour l’été se dégradent.

Et pendant ce temps-là, nos principaux concurrents européens creusent un peu plus l’écart avec le groupe AFKL. Et à l’intérieur du groupe, KLM améliore encore sa performance et creuse l’écart avec Air France.

Qui paiera la facture in fine ? il y a fort à parier que l’entreprise déclinera de nouveaux plans d’économie, dont les salariés feront les frais.

D’ores et déjà, au titre des résultats 2018, la prime d’intéressement versée en 2019 s’annonce amputée d’au moins la moitié de la somme !

Il y a urgence à sortir de la logique perdant/perdant et de l’influence mortifère de deux ou trois égo surdimensionnés qui amènent tout le monde dans le mur.

La posture facile qui consiste à insulter les signataires d’accords alors que l’on n’a soi-même RIEN obtenu trouvera rapidement ses limites.

A compter du 1er mai, tous les accords seront soumis à la clause majoritaire. A bon entendeur… car le contrat social à Air France, dont chacun sait qu’il est supérieur à la plupart des entreprises, s’est construit dans le temps et essentiellement par la signature d’accords.

La CFDT sait prendre ses responsabilités. Mais cela ne suffira pas.

Aux autres OS d’en faire à leur tour la démonstration en commençant par cet accord de NAO pluriannuel…

 

Le bureau syndical CFDT